Produits phytosanitaires & agriculture

Produits phytosanitaires & agriculture : nous préconisons la "lutte intégrée", ou comment agir à différents niveaux, pour que les produits phytosanitaires ne soient utilisés que lorsque cela est strictement nécessaire.

 

3 questions à Bernard Beuret, Ingénieur agronome à la FRI, Resp. Station phytosanitaire

Quels sont les enjeux pour l’agriculture interjurassienne ? Il est indispensable que les agriculteurs s’intéressent au plan d’action au niveau suisse, il en va de leur crédibilité. Nous devons montrer que nous maitrisons le sujet !

Quelles mesures sont prévues ?  Côté consommateur, les produits phytosanitaires (PPh) sont de plus en plus critiqués, en partie à juste titre. Il est indispensable d’en réduire l’utilisation et d’en augmenter la maîtrise. Le processus est en cours, mais reste à intensifier. Coté jurassien, les actions politiques prévues sont de viser une interdiction d’usage des PPh pour les particuliers. Pour les agriculteurs et comme il n’y aucune raison que le contribuable paye les frais d’analyse de contrôle de la qualité des eaux, il sera demandé une taxe sur les PPh pour financer ces contrôles. Il est aussi prévu d’encourager une saisie électronique des traitements réalisés. Au quotidien, nous chercherons à réduire les pollutions ponctuelles en agriculture (remplissage et lavage corrects des pulvérisateurs, sans déversement dans la nature ni dans les STEP), nous allons développer la vulgarisation indépendante, éliminer les « traitements d’assurance », encourager le désherbage mécanique et la lutte biologique et au final améliorer les connaissances des agriculteurs en matière de seuils d’interventions et de « protection intégrées » : traiter quand cela est nécessaire et ne pas traiter quand cela est inutile. Nous avons prévu d’augmenter les observations dans le terrain, pour mieux informer les agriculteurs par le Bulletin phytosanitaire, les SMS et WhatsApp notamment.

Que conseillez-vous aux agriculteurs de notre région ? Jouez le jeu au mieux par rapport aux méthodes autres que chimiques. Est-ce nécessaire de traiter ? Intéressez-vous aux mesures de la prochaine politique agricole. Les « contributions aux systèmes de production » encourageront des pratiques utilisant moins de PPh. On peut désherber ses cultures autrement, tout en bénéficiant d’un soutien financier. Nous devrions d’avantage nous intéresser aux performants systèmes de désherbage mécanique, quitte à les combiner à des herbicides, par exemple par les traitements chimiques réduits, uniquement sur la ligne. De nombreux agriculteurs, BIO ou non, désherbent déjà leurs céréales avec des moyens mécaniques. Ils sont très efficaces, sauf en cas de gros problèmes de graminées, souvent  causés par des rotations simplifiées. Je préconise donc la «lutte intégrée», ou comment agir à différents niveaux, pour que les PPh ne soient utilisés que lorsque cela est strictement nécessaire.

 



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