L’entretien du bocage fait partie des tâches réalisées sur une exploitation agricole durant l’année. La gestion des rémanents de la taille du boisement est parfois un casse-tête. La valorisation en BRF est une alternative intéressante pour amener de l’humus dans les sols. Quels sont les éléments de base à connaitre sur cet amendement?
Bois raméal fragmenté ? La définition:
Composé de jeunes rameaux de l’année et/ou de petites branches dont le diamètre est inférieur à 7 cm, le tout est passé dans un broyeur. Les conifères ne devraient pas représenter plus de 20% du volume de branche et surtout les plaquettes de bois de cœur sont à bannir.
L’origine de la ressource est multiple entre l’entretien des haies, bosquets champêtres et berges boisées, des lisières forestières, de la taille des arbres fruitiers et arbres têtards ou encore en récupérant les déchets d’entretien des haies des privés.
Un m3 de BRF correspond à 200 kg de matière sèche et il faut compter environ 80 m linéaires de boisement (haie ou lisière forestière) pour générer 1 m3 de plaquettes. Chaque m3 de BRF produit environ 100-150 kg d’humus stable.

Illustration de BRF fraichement produit
Quels sont les points forts du BRF?
Les BRF est un amendement riche en carbone mais également en macro et micronutriments présents notamment dans les bourgeons. Il permet de créer de l’humus stable en grande quantité mais génère une faim d’azote lors des premiers épandages. Cet amendement a un pH neutre.
Réduit en petits morceaux, il ne pose aucun problème dans les prairies temporaires car il tombe rapidement au sol et ne se retrouve pas dans le fourrage.
Le BRF n’est pas pris en compte dans le bilan de fumure. Il peut donc constituer un levier en plus pour augmenter le taux de matière organique de ses sols lorsqu’on est limité par le phosphore dans les apports.
Au-delà de l’apport de carbone et des bénéfices sur la structure du sol, le BRF offre un paillage qui lutte contre l’érosion. Il amène également des champignons favorables à la dégradation des résidus de cultures (voie mycorhizienne et non uniquement bactérienne).
Et ses points faibles?
Ce sont essentiellement la ressource et le temps pour obtenir le BRF qui posent problème.
Sur la majorité des fermes, l’entretien annuel des boisements ne produira que quelques m3 de BRF. Ce faible volume freine la volonté d’en épandre.
Le temps à investir pour en faire est également important selon le type de machine pour tailler et le broyeur disponible. Le travail manuel est le poste le plus coûteux. Moins il faut faire de fagots de branches et plus le broyeur qui peut en accueillir est important, plus la fabrication est efficace mais nécessite un investissement de base conséquent. Pour les entrepreneurs qui souhaitent faire des travaux pour tiers, l’idéal est d’avoir une tête d’abattage montée sur un bras articulé et un broyeur forestier capable de générer un débit de chantier de 70-80 m3/h. L’entretien de la haie se fait par bouquet et la part manuelle est quasiment nulle. Il faut compter un prix de production au m3 de l’ordre de Fr. 10.- à 15.- par m3. Dans un chantier plus standard avec un lamier ou un sécateur sur bras articulé et un petit broyeur croché à la prise de force du tracteur (débit de chantier de 30-40 m3/h), le m3 produit coûte environ Fr. 40.-. Il est donc essentiel d’être rationnel dans la manière de travailler.
Quelques idées pour bien faire!
Le BRF est un amendement très intéressant! Pas besoin d’un faire un paillage de 10 cm d’épaisseur pour en tirer profit. Alors si vous ne pouvez en faire que quelques m3, intégrez-le à votre fumier lors de l’épandage. De plus, ça limitera fortement le risque de faim d’azote.
Pour limiter l’impact de cette dernière, apportez le BRF plutôt à la fin d’automne – début d’hiver plutôt qu’au printemps sauf si ce sont des légumineuses en culture de printemps ou une prairie temporaire qui en contient.
Mais la faim d’azote peut aussi être un avantage : un apport avant une légumineuse au printemps peut notamment limiter le développement du vulpin ou autres indésirables.
Le compostage du BRF ne sert à rien.
Essai d’épandage de BRF pour la journée Terres Vivantes du 10 septembre 2024
Un damier (4 x 3 m2) de comparaison de l’évolution du BRF a été mis sur pied dans une prairie temporaire. Au début des mois de juin à septembre (4 dates) un apport de l’équivalent de 10 – 30 – 50 m3/ha a été réalisé par m2.
Visuellement ces apports semblent faibles dans le sens où il y a peu de fragments au sol. On comprend immédiatement que cela ne posera pas de problème dans le fourrage. De plus, le BRF ne “colle” pas à l’herbe et tombe au sol très rapidement. Il n’est donc pas transporté à la crèche lors des travaux de fenaison. Durant toute la durée de l’essai, aucune faim d’azote ni différence de pousse n’a été observée, même sur le traitement à 50 m3/ha, mais ceci pourrait être dû à la présence de légumineuses dans la prairie temporaire.
Dans les blocs les plus anciens, on remarque que l’amendement est déjà décomposé en bonne partie trois mois après l’épandage. En outre, des tissus mycéliens sont bien visibles aussitôt qu’on gratte la surface du sol, ce qui démontre bien d’effet positif du BRF sur les champignons du sol.

Damier de comparaison des apports de BRF sur le site de Loveresse
Denis Anselmo avec le soutien de Luc Scherrer
Terres Vivantes

Groupe WhatsApp Terres Vivantes