Dans le cadre des Prestations Ecologiques Requises (PER), il est exigé des agriculteurs qu’ils effectuent des analyses de sol de leurs parcelles tous les 10 ans. Les laboratoires certifiés par l’Office fédéral de l’agriculture proposent différentes variantes d’analyses plus ou moins onéreuses pour le praticien. Les résultats finaux ne sont pas toujours à la hauteur du prix facturé.
Qu’est ce qui peut clocher dans les analyses de sol?
Plusieurs paramètres sont mesurés lorsque l’on envoie un échantillon de terre. Certains sont pérennes sur des générations comme la granulométrie ou les carbonates, d’autres sont variable à moyen terme comme la matière organique et finalement ceux qui varient durant la saison (pH, P,K Mg).
Si les pH, P, K, Mg et carbonates font d’office l’objet d’une analyse de laboratoire avec des appareils étalonnés, l’agriculteur peut choisir si la granulométrie et la matière organique sont estimées par des tests tactiles/visuels ou à l’aide d’appareils de laboratoire, le prix étant adapté à la hausse avec la deuxième solution.
Le problème des évaluations tactiles/visuelles, c’est qu’elles sont tributaires de la qualité de l’opérateur. Or, en comparant les résultats tactiles aux vraies analyses de laboratoire, il y a parfois un monde d’écart qui illustre la médiocrité de certains techniciens.
Parcelle 1 Granulométrie technique | Parcelle 1 Granulométrie humaine | Parcelle 2 Granulométrie technique | Parcelle 2 Granulométrie humaine |
Argile: 22% Silt: 63% Sable: 15% | Argile: 21% Silt: 21% Sable: 58% | Argile: 40% Silt: 48% Sable: 12% | Argile: 21% Silt: 21% Sable: 58% |
Parcelle 1 MO technique | Parcelle 1 MO humaine | Parcelle 2 MO technique | Parcelle 2 MO humaine |
MO: 2.9% | MO: 2.5% | MO: 4.2% | MO: 2.5% |
Eclairages sur les résultats
La première chose qui saute au yeux de quelqu’un qui connait un minimum les sols de la région jurassienne est qu’il n’existe quasiment aucun sol avec 58% de sable! L’autre fait troublant est que deux parcelles éloignées de plusieurs kilomètres obtiennent la même granulométrie.
Tout bon opérateur de laboratoire vous le dira: il est très difficile d’estimer les textures précisément au delà de 35% d’argile. Quand on connait les sols jurassiens on comprend qu’il faudrait s’abstenir. Et dans l’exemple ci-dessus, il serait même possible de se demander si les résultats de la granulométrie ne sont pas écrits d’avance et que le technicien n’analyse pas l’échantillon.
Pour ce qui est de la matière organique, c’est un autre problème. Il est impossible de d’estimer la matière organique par les sens humains. Il y a trop de facteurs externes comme la couleur de la matrice du sol ou encore simplement la trop grande quantité de matière organique qui influence l’évaluation. Les résultats donnés par cette méthode sont simplement le fruit du hasard.
Alors que faire?
Il est important de se rendre compte que les analyses de sols sont des outils pour garantir la durabilité de la ressource “sol”. Il est essentiel de pouvoir se fonder sur des valeurs qui tiennent la route. Le pH, P, K, Mg faisant l’objet d’une vraie analyses, les résultats reflèteront parfaitement le sol au moment de l’échantillonnage. Dans une carrière d’agriculteur, avoir une vraie granulométrie et donc de vraies valeurs d’argile, silt et sable est fondamentale notamment pour calculer le rapport entre la matière organique et argile, qui pour rappel doit être au moins de 17%. Une fois cette granulométrie obtenue, il n’est pas nécessaire de la refaire. Par contre, il ne faut pas faire d’économie de bout de chandelle pour le taux de matière organique. Il doit être mesuré de manière précise chaque décennie car un sol pauvre en humus doit être nourri par des amendements. Finalement pour les carbonates, une seule analyse sur une carrière devrait être suffisante. En cas de présence de calcaires, il ne sera pas nécessaire de chauler et si le sol est dépourvu de carbonates de calcium, le pH sera la mesure décisionnelle.
En guise, de conclusion, si les laboratoires doivent faire leur part dans la qualité des mesures réalisées, il ne faut pas oublier la part agricole et que le prélèvement doit être représentatif de la parcelle. L’exploitant doit faire 20 piqures en croix ou en deux lignes en mettant chaque prélèvement dans un seau. La terre est ensuite brassée et un petit kilo est mis dans un sachet plastique pour envoi.
Contact :