Avec la mise en service de robots de traite, on constate en Suisse et en France une diminution de la pâture des vaches laitières. Ce n’est toutefois pas une règle absolue! Il y a aussi de plus en plus d’exemples de traite automatisée avec une grande part de pâture dans la ration. Avant la technique, la première influence est le facteur humain: une question de motivation pour la pâture et d’objectifs de production.
Quels sont les facteurs de motivation pour maintenir une part importante de pâture ?
- Diminuer les coûts de production: ils diminuent fortement en augmentant la part d’herbe dans la ration
- Augmenter l’autonomie protéique: moins besoin de concentré protéique sur l’année
- Le temps de travail est diminué avec la pâture. Selon une étude de l’Idele, on peut gagner 1h45 par jour (35 VL) en période estivale avec une grande part de pâture. A noter qu’il y a peu d’études sur le sujet à cause de la difficulté à récolter ces données sur une période assez longue
- Améliorer le bien-être animal: meilleure liberté de mouvement, moins de stress, meilleure santé des pieds et ingestion en conditions naturelles
- Effet positif sur la durée d’utilisation des vaches: entre autres car l’expression des chaleurs est facilitée
- Image positive de l’élevage bovin: selon un sondage PSL, il est important pour les consommatrices et consommateurs de produire du lait à partir des fourrages locaux et ces personnes s’attendent à un accès quotidien des vaches au pâturage
- Limiter l’emprunte carbone: avec l’augmentation du pâturage, les pertes d’ammoniac et de N2O diminuent et il y a moins besoin de carburant pour l’épandage et les récoltes
- Les objectifs de production sont déterminants ! Soit la priorité est mise sur la production de lait par vache ou est mise sur la pâture et donc sur la production de lait par ha. La pâture induit en moyenne une baisses de fréquentation du robot de 0 à 0,6 par jour (mais la diminution induite de production laitière observée en France n’est pas confirmée dans notre contexte)
Quels facteurs influencent la fréquentation du robot par les vaches ?
- La distance entre le robot et l’entrée de la parcelle: à partir de 200 m la fréquentation du robot peut diminuer et cela devient problématique avec plus de 500 m
- Les obstacles (chemins, routes, pente) et la qualité des chemins d’accès
- La motivation, plus ou moins forte pour les vaches à passer au robot: ex. ration mélangée à l’intérieur, concentré au robot
- Le niveau de saturation du/des robots: en passant de 40 à 60 vaches par robot ou stalle, la difficulté augmente, tout en restant possible. En Tête de Moine, la recommandation est de 25 à 30 vaches par robot ou stalle à cause des restrictions du cahier des charges
- La météo qui crée des conditions plus ou moins favorables au retour des vaches
Comment faciliter la circulation des animaux et motiver le retour vers le robot ?
- L’affouragement à l’intérieur: plutôt fourrages secs ou ration mélangée que de l’herbe; il faut trouver un équilibre entre l’attractivité du fourrage à l’intérieur qui améliore la fréquentation du robot et la concurrence qu’il crée avec la pâture
- Les concentrés distribués au robot: ils sont une attraction autant qu’un complément; à bien planifier pour éviter une trop grande concurrence à la pâture et l’augmentation du risque d’acidose.
- Trouver des solutions pour les obstacles: passages facilités des routes (ex. barrières électriques souples ou automatiques), améliorer les chemins d’accès (tapis, copeaux,…)
- Un système de pâture avec 2-3 parcelles par 24h: il favorise le retour des vaches avec la motivation pour une autre parcelle
- Périodes favorables pour l’ingestion et donc pour pâturer: début et fin de matinée, fin d’après-midi
- Les règles de base de la pâture restent valables pour stimuler l’ingestion d’herbe: elle sera maximale si les vaches sortent à la pâture quand elles ont bien faim avec une offre suffisante en herbe de qualité. Il est favorable de commencer à pâturer tôt au printemps, dès que les condition du sol sont bonnes afin d’anticiper la forte poussée de l’herbe. Ensuite, faucher les parcelles avec une hauteur d’herbe trop élevée
- Ramener les vaches à la stabulation: cela peut sembler être une charge de travail supplémentaire, mais ce travail se combine bien avec l’observation des vaches et de l’herbe, ainsi que le changement des barrières ou la préparation d’un nouveau parc.
- Les conditions météo: par temps agréable, il faut faire plus attention au retour des vaches et il sera plus facile avec la chaleur et les mouches !
- Surfaces d’estivages: des contraintes supplémentaires surviennent si les vaches doivent pâturer sur des surfaces d’estivages. C’est un point d’attention important dans la décision d’automatiser la traite
- Ce sujet a été traité lors du Rallye du robot de traite organisé par la FRI en novembre 2024. D’autres articles paraîtrons sur cette thématique ces prochaines semaines, notamment une évaluation économique des coûts d’entretien et de fonctionnement du robot de traite