La FRI et le FIBL ont pu vérifier en conditions réelles l’effet positif de la pâture alternée bovins-chevaux sur le contrôle des parasites internes. Comme ces deux espèces n’hébergent pas les mêmes parasites, chacune joue le rôle “d’aspirateur à parasites” pour l’autre.
Ensemble avec les autres techniques préventives, il est possible de fortement réduire les traitements antiparasitaires.
On observe en effet, une baisse d’efficacité des molécules chimiques avec l’augmentation des vers résistants. Nous avons constaté de premiers signes de perte d’efficacité des produits antiparasitaires dans la région.
Magie des pâturages interjurassiens … une particularité de notre région, et qui en fait l’une de ses meilleures cartes de visite, est cette mosaïque gaie et colorée qu’est le ménage de chevaux et bovins évoluant sur les pâturages boisés. Du point de vue agronomique, ce mélange bovins-chevaux présente deux avantages très intéressants:
- Il améliore la qualité de l’herbe en comparaison à une surface seulement pâturée par des chevaux ou des bovins. Cela est dû aux différences de forme du museau, ainsi qu’au comportement des animaux avec une occupation différente du pâturage par les bovins et les chevaux.
- Il préserve la santé des animaux par un effet de baisse de la pression parasitaire. Comme les chevaux et les bovins n’hébergent pas les mêmes espèces de parasites, les larves provenant des bovins ne vont pas infester les chevaux, qui les éliminent en les digérant. Les chevaux exercent ainsi un effet d’aspirateur à parasites” des bovins, qui eux-mêmes jouent le même rôle pour les chevaux.
Vos conseils pour gérer les parasites internes des bovins ? La recommandation de base pour les jeunes génisses qui sortent la première fois est de leur laisser le temps de développer leur immunité dans de bonnes conditions, c’est-à-dire au moins 5 mois sur des pâturages avec une faible pression parasitaire. Si on effectue une analyse de bouses, les oeufs par gramme observés ne devraient pas dépasser 300. Voici quelques recommandations pour diminuer la pression parasitaire :
- Charge en bétail modérée (≤ 1,5 UGB/ha)
- Pratiquer la fauche-pâture (la fauche évacue une partie des parasites)
- Pâture mixte ou alternée avec des bovins plus âgés (car ils sont bien immunisés et n’excrètent presque pas d’oeufs de parasites)
- Patûre mixte ou alternée avec d’autres espèces : chevaux, ovins, caprins
- Complémentation au pâturage avec du fourrage conservé
- Attention particulièrement au parc de 1ère sortie des veaux à maintenir avec une faible pression parasitaire!
Une première en Suisse ! En collaboration avec l’Institut de Recherche de l’Agriculture Biologique (FiBL), la FRI a conduit des essais scientifiques, mais dans les conditions normales d’une ferme – essais on farm –, afin de vérifier l’effet de régulation du parasitisme par la pâture alternée bovins-chevaux. En 2019, un premier essai avait déjà pu démontrer un effet positif sur les bovins, mais nous avions trop peu d’animaux pour observer, en parallèle, l’effet sur les chevaux. En 2022, un essai de plus grande envergure a pu clairement confirmer l’effet bénéfique de la pâture alternée sur les bovins. Pour les chevaux, les résultats sont moins clairs et il faudra encore rechercher d’autres solutions alternatives, d’autant plus que les parasites résistants sont déjà très fréquents chez les chevaux! De tels essais nécessitent de grands investissements en temps et énergie, nous sommes donc très reconnaissants et remercions vivement les familles paysannes qui ont accepté de collaborer avec nous et de mettre leurs animaux à disposition.
La fin des vermifuges chimiques sur tous les bovins ? La problématique est réelle : avec l’augmentation des vers résistants aux molécules chimiques, les produits antiparasitaires perdent de l’efficacité ! Nous avons constaté les premiers signes de résistance des vers chez les bovins en Suisse, tests confirmés ensuite dans le canton de Vaud. Par ailleurs, ces traitements ont un coût, il faut éviter le sous-dosage et les produits peuvent avoir un impact négatif sur l’environnement, notamment la faune qui dégrade les bouses.
Lorsqu’on ne peut s’en passer (contexte défavorable, ombrage, humidité), on aimerait bien que les vermifuges restent efficaces !
C’est un peu comme les antibiotiques : “aussi peu que nécessaire et en dernier recours“, après avoir mis en place toutes les mesures de prévention applicables. Cela fait près de 30 ans qu’aucune nouvelle molécule n’a été développée et les produits perdent en efficacité, d’autant plus vite que nous les utilisons quand ils ne sont pas nécessaires ou qu’ils sont mal utilisés!
Vous pouvez évaluer vous-même la charge parasitaire de vos pâturages à l’aide de l’outil (voir ci-dessous). C’est un petit questionnaire facile à remplir qui indiquera si la pression globale et celle des parcelles décrites est faible, moyenne ou élevée. En cas de charge parasitaire élevée, des propositions donnent des pistes pour la réduire. Si vous constatez qu’il serait possible de diminuer les traitements, de les arrêter, ou en cas de doute, nous vous recommandons d’effectuer des analyses de bouses. La FRI effectue ces analyses et examine votre situation pour gérer au mieux les parasites de votre troupeau.
Liens utiles:
- Demande d’analyses / conseil en gestion des parasites : Gestion des parasites – Fondation Rurale Interjurassienne Courtemelon Loveresse (frij.ch)
- Publications www.frivulg.com
Infos-questions :
- Pierre-Alain Juillerat, T 032 545 56 49, pierre-alain.juillerat@frij.ch
- Véronique Frutschi Mascher, T 032 545 56 38, veronique.frutschi@frij.ch
Evaluez votre situation : quelle pression parasitaire sur mes parcelles de pâture ?
Recommandations pour un contexte de pression parasitaire élevée par les strongles gastro-intestinaux
Partie I, situation générale
Le risque d’apparition de problèmes sanitaires chez le génisses en première saison de pâture est très important. Evaluez s’il est possible de modifier quelques éléments de gestion des pâtures en vous aidant des propositions du questionnaire avec un nombre de points inférieur. Plusieurs éléments devront être modifiés pour pouvoir optimiser la situation générale. Il est peut-être nécessaire de vermifuger les animaux et, dans ce cas, nous vous recommandons d’effectuer des analyses de bouses.
Partie II, résultats par parcelle
Pour les parcelles à forte pression parasitaire, s’il n’est pas possible d’améliorer la situation, nous vous recommandons d’éviter de les faire pâturer par les jeunes génisses.
Propos recueillis par Olivier Boillat, FRI