Le projet transfrontalier SPAD – Systèmes de production agricole durables – a fait ressortir un certain nombre de leviers pour s’adapter au changement climatique et trouver des moyens de diminuer l’impact climatique des élevages bovins. Les principaux enseignements sont présentés dans cet article. Des liens renvoient vers la page du projet qui regroupe tous les résultats, ainsi que les vidéos et les documents réalisés dans le cadre du projet.
Quels étaient les objectifs du projet ?
- Quelles sont les adaptations à réaliser dans les exploitations bovines dans une situation de changement
climatique ? - Comment tendre vers une meilleure durabilité des exploitations bovines en associant les aspect environnementaux, économiques et sociaux ?
Comment sécuriser son système fourrager ? Résultats des essais Agroscope
Sorgho multi-coupe avec les trèfles d’Alexandrie et de Perse: c’est le procédé qui a donné les meilleurs résultats si l’on considère à la fois le rendement et la qualité du fourrage sur 2 ans. Ces bonnes performances s’expliquent par la croissance alternée du sorgho (favorisé par des conditions sèches et chaudes) ou des trèfles (favorisés par des conditions plus fraîches et humides)
Moha: il a montré une bonne capacité à produire de la biomasse dans
des conditions climatiques contrastées, mais sa valeur nutritionnelle reste
modeste. Il conviendrait de l’améliorer en essayant de l’associer
à des légumineuses.
Photo: essais Agroscope, Courrendlin 2022, Sorgho fourrager
Sorgho Sudangrass et Millet perlé : rendements bas en 2021 car ont souffert des températures froides et de l’humidité
Avoine-pois-poissette (= référence) et avoine rude-trèfle incarnat : problèmes de rouille sur les avoines en 2021
Avoine rude – trèfle incarnat : teneurs les plus élevées en sucres solubles
Photo: essais Agroscope, Courrendlin 2022, Millet
Lien vers la présentation des résultats d’essais Agroscope et les posters
Quel est l’impact du changement climatique sur nos systèmes bovins ?
- Les variations du climat (dues à des facteurs naturels ou humains) sont devenues plus intenses ces dernières décennies via la hausse des activités humaines induisant une augmentation des Gaz à Effet de Serre (GES). En trop grande quantité, ces derniers ont des effets néfastes (catastrophes naturelles, baisse de rendement, risques sanitaires accrus, perte de biodiversité, etc.).
- Un objectif du projet SPAD était de mettre en évidence des scénarii d’évolution des systèmes de production dans un contexte de changement climatique pour chaque zone climatique des régions du projet. Différentes données climatiques ont été comparées entre une période passée (1961-1990) et des périodes projetées dans le futur. Les projections sont basées sur le modèle RCP 8.5 (GIEC, 2014) dit le plus « pessimiste » mais aussi le plus « réaliste »
Principaux résultats des projections:
- La période « futur proche » de 2021 à 2050 sera légèrement plus chaude et sèche par rapport à la période passée: augmentation des températures et des jours à plus de 30°C surtout l’été et baisse du nombre de jours de gel ainsi que de la pluviométrie.
- Les principaux changements se feront sur le « futur lointain » de 2071 à 2100 avec des augmentations conséquentes sur ces mêmes indicateurs (température, nb de jours de gel et pluviométrie) et plus prononcées sur les périodes estivales. On notera aussi des pluviométries réparties de manière irrégulière.
- Ces tendances s’observent sur chaque zone, mais de manière plus ou moins prononcée.
- L’impact des sécheresses sur les rendements fourragers pourra être très important: de -25% jusqu’à -40% de rendement en système foin-regain. Les systèmes avec ensilages sont un peu moins impactés et les pertes de rendement diminuées avec une part de prairies temporaires augmentée.
- Quelques solutions d’adaptations:
– Choisir des variétés résistantes et d’autres espèces comme le sorgho
– Adapter la taille du troupeau, rechercher l’autosuffisance
– Diminuer le stress thermique des animaux en ajoutant de l’ombrage et des points d’eau au pâturage, en adaptant les
bâtiments (ex. ventilation)
– Adapter les périodes de pâturage/fauche: plus précoces, plus tardives
– Investir dans le séchage en grange pour permettre des récoltes précoces de qualité
-….
Voir les résultats complets de l’étude effectuée dans le cadre du projet sur les différentes unités géomorphologiques de la région observée.
Comment tendre vers une meilleure durabilité des élevages bovins ?
Sont considérés, les aspects environnementaux, sociaux et économiques.
Pour une meilleure durabilité environnementale
Calcul des émissions de GES (gaz à effet de serre) par ha ou par kilo de lait/viande ?
- Par hectare : pour comparer les exploitations entre elles (= les émissions effectives produites sur la surface du domaine)
- Par kilo : pour cibler les leviers permettant de réduire les émissions de GES. Mais attention aux contradictions ! Par ex. Lait/VL plus élevé = émissions de GES/kg de lait plus basses, mais émissions de GES par ha plus élevées.
Eléments majeurs pour diminuer les émissions de GES
- Viser un système mi-intensif plutôt qu’intensif car moins d’UGB/ha et moins d’intrants (fourrages et
concentrés achetés, azote minéral). Mais si on passe à extensif, on diminue de manière trop importante la quantité de nourriture produite sur la surface. - Alimentation: bonne qualité des fourrages et ration équilibrée.
- Conduite du troupeau: augmenter la durée productive et réduire la part d’animaux improductifs dans le troupeau.
Rôle du méthane dans le réchauffement climatique
Voir la présentation complète: comment réduire les gaz à effet de serre
De l’importance de considérer aussi l’aspect social
Cet aspect est nouveau dans ce type d’enquête. Quels étaient les objectifs ?
- Observer de quoi se compose le pilier social et quelles sont les sources de contraste entre les
personnes enquêtées.
- Identifier d’éventuelles marges de manœuvre qui peuvent conduire à une augmentation du bien-être des personnes.
Que nous apprennent ces enquêtes ? Les principaux résultats sont présentés ci-dessous: - Un premier élément à relever est le très bon accueil que nous avons reçu lors des enquêtes: enfin, nous nous occupons des agricultrices et des agriculteurs, ainsi que de leur bien être et leur ressenti, et non pas seulement du bétail qu’ils détiennent et des productions.
- Les éléments de grande importance qui ressortent dans tous les types de production sont: le ressenti face à la charge de travail et la vision entre l’agriculture et la société. Ainsi, une charge de travail ressentie comme pas trop élevée contribue au bien-être. Le sentiment de faire partie de la société et d’y avoir sa place contribue également au bien-être.
- Viennent ensuite la gestion des désaccords et le parcours professionnel. La capacité de bien gérer les désaccords au sein de la famille ou des associés ressort comme un avantage. Une bonne formation assortie de formation continue contribue aussi au bien-être.
Voir la présentation complète des aspects socio-économiques
Aspect économique d’une meilleure durabilité
- A priori, pas d’incompatibilité entre effort pour une meilleure durabilité et résultat économique !
- Les stratégies visant à accroître les volumes de production par unité de main d’œuvre n’augmentent pas nécessairement les résultats économiques.
- Augmenter le nombre d’heures travaillées par unité de main d’oeuvre n’est pas synonyme d’un
meilleur revenu.
Résultats: revenu horaire par type de production en Suisse
Pour plus de détails:
Lien vers la page du projet SPAD: les vidéos, toutes les présentations du colloque, les articles et publications scientifiques
Lien vers le document de synthèse SPAD
Infos-questions:
Jocelyn Altermath: jocelyn.altermath@frij.ch 032 545 56 11
Véronique Frutschi: veronique.frutschi@frij.ch 032 545 56 38