Jeunes agriculteurs jurassiens de retour du Cameroun

7 jeunes agriculteurs de retour du Cameroun après 10 jours consacrés à l'entreprenariat agricole, à l'Institut Agricole d'Obala (IAO), qui forme 1'000 jeunes aux métiers de l'agriculture. L'IAO a placé l'entreprenariat agricole au coeur de la formation et de l'appui à l'installation des jeunes formés.

 

Grace à l’appui et au financement de Movetia (Agence nationale pour la promotion des échanges et de la mobilité au sein du système éducatif), la Fondation Rurale Interjurassienne (FRI), l’Institut Agricole d’Obala (IAO) (Cameroun) et le Centre Suisse de Recherche Scientifique (CSRS) (Côte-d’Ivoire) ont pu mettre sur pied un projet d’échange entre jeunes entrepreneurs agricoles suisses, camerounais et ivoiriens. Ce projet a débuté par l’arrivée en Suisse, fin avril 2019, de formateurs en provenance d’Afrique. Dans un deuxième temps, les jeunes agriculteurs suisses et ivoiriens se sont rendus à l’IAO au Cameroun (30 novembre au 9 décembre 2019) pour parfaire leur formation de chefs d’entreprises et échanger des expériences sur la thématique de l’entreprenariat agricole et de la commercialisation des produits. L’IAO a été officiellement fondé le 3 février 2002 avec le soutien d’une ONG locale et surtout avec l'appui multiforme de la République et Canton du Jura, principal bailleur de fonds. L’IAO est devenu l’un des principaux centres de formation agricole au Cameroun, il forme actuellement 1000 jeunes aux métiers de l’agriculture. L’IAO a placé l’entreprenariat agricole au cœur de la formation et de l’appui à l’installation des jeunes formés.

L’échange conduit au Cameroun avait pour objectif général de créer une symbiose étroite entre les systèmes de formation professionnelle proposés dans les trois centres formation (FRI, IAO et CSRS) dans le but de développer l’esprit d’entreprise chez les jeunes participants des trois pays et d’améliorer leur ouverture d’esprit et capacité d’analyse du contexte. Les collaborateurs et étudiants de l’IAO ont préparé un riche programme et ont gratifié leurs hôtes d’un accueil des plus chaleureux.

Après la découverte d’Obala et de l’IAO, une journée entière de formation sur l’entreprenariat a permis d’approfondir la démarche de l’idée d’entreprise à la planification financière d’un projet agropastoral. Les participants ont également découvert le système de conseil et d’accompagnement des jeunes agriculteurs proposés par l’IAO. La présentation a été complétée par la visite d’une exploitation produisant des poulets de chair (13'000) et des porcs (200). Les jeunes suisses et les jeunes ivoiriens ont ensuite présenté leurs réalités et leurs expériences professionnelles. Lors d’une visite sur l’exploitation des parents d’une participante camerounaise, chacun a pu s’exercer au «cabossage » du cacao. La visite a été ponctuée d’instants conviviaux avec quelques membres du village : un moment fort d’échange social et culturel. L’IAO s’inspire du modèle de formation professionnelle duale suisse. Les étudiants sont ainsi amenés à effectuer des stages sur des exploitations durant leur formation. La rencontre avec un maître de stage, produisant des ananas pour l’exportation, a permis d’apprécier la pertinence de ce système de formation dans le contexte camerounais. La visite de la capitale Yaoundé, une rencontre avec des étudiants de l’université, une soirée culturelle internationale et quelques moments conviviaux, notamment autour d’une fondue bien suisse, ont complété ce riche programme.

 

Les périodes de formation, les échanges intenses entre tous les participants, les moments d’immersion dans la vie culturelle et sociale locale camerounaise ont permis aux jeunes agriculteurs des trois pays de vivre une expérience humaine et professionnelle unique. Les quelques réactions ci-dessous, recueillies au retour chez les jeunes Suisses en témoignent :

« L’agriculture du Cameroun est très riche et les travaux se font manuellement, à la machette et à la houe uniquement. Impressionnant ! ».

« Un agriculteur au Cameroun ou en Côte d’Ivoire va chercher d’abord un marché fiable avant de se lancer dans une production. Ce n’est pas toujours le cas en Suisse ».

« Etre heureux pour travailler, puis obtenir de l’argent ; alors qu’ici, c’est plutôt travailler pour avoir de l’argent ».

« Nous sommes sortis de notre confort et propreté suisses pour plonger dans un monde totalement différent. »

«Ici en ouvrant un robinet, nous avons de l’eau. Là-bas, il faut parfois marcher, loin pour en obtenir. Et dans la bonne humeur ».

«Au Cameroun : pas de problèmes ! Ça fonctionne sans eau, ni électricité et les gens sont positifs et accueillants ».

Sur le plan professionnel, les jeunes suisses ont pu appréhender une démarche entrepreneuriale agricole dans un contexte complétement différent du nôtre et observer la manière de développer une idée d’entreprise et de la déployer dans un environnement où les conditions cadres et le marché sont totalement ouverts et offrent moins de sécurité qu’en Suisse, mais aussi plus d’opportunités. Les différentes visites leur ont permis de découvrir comment faire beaucoup avec peu. Nul doute que cette expérience leur apportera de nouvelles compétences utiles au développement d’un véritable esprit d’entrepreneur !

 ■ Pierre-André Odiet, Fabrice Berret, Noël Saucy, Olivier Girardin FRI et Louis Ndjié directeur de l’IAO

 



Jeunes agriculteurs jurassiens de retour du Cameroun